Permettez qu’à vos yeux je montre un peu de joie.
Se peut-il faire, ami, qu’encor je te revoie !
Qu’as-tu fait de l’enfant que je t’avais donné ?
Le généreux Thésée a fait gloire de l’être,
Mais sa preuve est obscure, et tu dois le connaître ;
Parle.
Tout Corinthe le sait : nomme-lui ses parents.
Qui vous ont empêché de vous entr’éclaircir,
Loin de tromper l’oracle, ont fait tout réussir.
Voyez où m’a plongé votre fausse prudence,
Vous cachiez ma retraite, il cachait ma naissance ;
Vos dangereux secrets par un commun accord
M’ont livré tout entier aux rigueurs de mon sort.
Ce sont eux qui m’ont fait l’assassin de mon père.
Ce sont eux qui m’ont fait le mari de ma mère.
D’une indigne pitié le fatal contre-temps
Confond dans mes vertus ces forfaits éclatants ;
Elle fait voir en moi par un mélange infâme
Le frère de mes fils et le fils de ma femme ;
Le ciel l’avait prédit, vous avez achevé,
Et vous avez tout fait quand vous m’avez sauvé.
M’en punissent les Dieux si je me le pardonne !
Qui se faisaient pour moi d’équitables tyrans ?
Que ne lui disais-tu ma naissance et l’oracle,
Afin qu’à mes destins il pût mettre un obstacle ?
Car, Iphicrate, en vain j’accuserais ta foi,
Tu fus dans ces destins aveugle comme moi,
Et tu ne mj’abusais que pour ceindre ma tête
D’un bandeau, dont par là tu faisais ma conquête.
Que l’ordre de son roi par là se vit trahi,