Page:Sophocle - Œdipe Roi, trad. Bécart, 1845.djvu/41

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Et sans trait, meurtrier,
Quitte notre patrie
Qu’il n’a que trop flétrie.
Sa haine nous poursuit
Et le jour et la nuit.
O puissant Jupiter, ô maître du tonnerre !
Brise-le de ta foudre, et toi, déesse fière,
Diane, perce-le de ces traits sûrs et prompts[1]
Que tu lances au loin dans les champs, sur les monts,
Et toi, Dieu des raisins, sous ta torche brûlante[2]
Puisse le Dieu du mal voir sa rage expirante[3] !!!



  1. Le chœur invoque aussi Diane ou Hécate, qui était censée agiter les hommes par des fureurs, aussi bien que Bacchus. Cette Diane était une des divinités qui portaient des flambeaux. On invoque plutôt ses feux, ses rayons qui portent la flamme, aussi bien que ceux du Bacchus Thébain, à qui l’on donne ici une mitre d’or (chrysomitra), χρυσομίτραν, épithète qu’il a sans doute conservée comme signe de son origine orientale.
  2. On sait que les Bacchantes célébraient avec des torches, pendant la nuit, les fêtes de Bacchus ; de là vient que l’on a donné cet attribut à ce Dieu, sur les traits duquel se montrait une ivresse délirante, comme le signifie l’épithète οἰνῶπα, au vers 211 ; Le vin qui nous anime et excite l’épanchement de l’âme, faisait naître une foule d’inspirations propres à la haute poésie lyrique et desquelles Bacchus, si honoré à Thèbes, était la cause naturelle.
  3. Ce Dieu du mal est la peste même, ce Mars, ce fléau qu’on doit sans doute trouver indigne d’être mis au rang des dieux.