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fureur d’Œdipe contre Tirésias, dont les paroles donnent lieu à une affaire d’État. Le dénoûment qu’on croyait peu éloigné, est plus reculé que jamais.

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ACTE II.


Scène PREMIÈRE.

ŒDIPE, suite, chœur, peuple assemblé.
ŒDIPE.
Vous adressez aux Dieux de pressantes prières,

Pour qu’ils mettent un terme à toutes vos misères ;
Si mes soins paternels par vous sont secondés,
Ils vous accorderont les secours demandés.
Étranger au forfait dénoncé par l’oracle,
À Thèbes depuis peu, pourrais-je sans miracle,
À moins qu’on m’en fournit la trace et le moyen,
Découvrir par moi seul un crime trop ancien ?
Pour sauver la cité, tout ce que je puis faire,
C’est de porter ici ce décret salutaire :
« Quiconque sait comment a succombé Laïus ,
Doit nommer l’assassin du fils de Labdacus ;
L’exil seul punira ce crime impardonnable,
Si l’auteur franchement s’en déclare coupable.
Si d’un sol étranger cet homme est habitant,
Qu’on le dénonce au roi ; ce service important
Sera reçu de tous avec reconnaissance ;
Il obtiendra de nous sa juste récompense.
Mais si, craignant pour vous, vos proches, vos amis,
À cet ordre sacré vous n’êtes point soumis,
Je veux, de quelque rang que soit ce parricide[1],

  1. Ces imprécations, lancées par la bouche même d’Œdipe, vont nous peindre au naturel l’excommunication des anciens, châtiment terrible dans le paganisme. Euripide entre encore dans de plus grands détails dans son Iphigénie en Tauride.