sion, afin qu’il obtienne un tombeau sur la terre de sa patrie. Tels sont les faits que j’avais à te dire, récit douloureux, sans doute ; mais, pour ceux qui en furent témoins comme nous, spectacle le plus triste que je vis jamais !
Hélas ! hélas ! toute la race antique de nos maîtres est donc, je le vois, détruite jusque dans sa racine !
Ô Jupiter ! que penser de cette nouvelle ? Dois-je l’appeler heureuse, ou déplorable, mais utile ? Il est bien triste de ne conserver ma vie qu’au prix de mes propres malheurs !
Ô femme, pourquoi te contrister ainsi de cette nouvelle ?
La maternité est une chose étrange[1] ; car, quels que soient leurs torts, une mère ne peut haïr ses enfants.
Nous avons donc fait, à ce qu’il semble, un voyage inutile.
Non, il n’est pas inutile. Car comment pourrais-tu l’appeler ainsi, puisque tu m’apportes des preuves certaines de la mort de celui qui, oubliant les entrailles dont il était sorti, s’est dérobé à mes soins[2], pour vivre sur une terre étrangère, en exilé, et, une fois parti de ce pays, ne m’a plus revue, et qui, m’accusant du meurtre
- ↑ Euripide dit de même, dans Iphigénie à Aulis, v. 9 17 :
Δεινόν τὸ τίκτειν ;et dans les Phéniciennes, v. 358-9 :Δεινὸν γυναιξὶν αἱ δι᾽ ὠδίνων γοναί.
- ↑ Le texte ajoute : « à mes mamelles. » Mais en admettant qu’Oreste fût encore à la mamelle lors du meurtre d’Agamemnon, comme il ne s’était passé que sept ans depuis cette époque, il n’aurait pas été capable d’entreprendre la vengeance de son père.