Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/183

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CRÉON.

Moi aussi, je puis l’invoquer comme toi.

LE CHŒUR.

Arrêtez, princes ! mais voici fort à propos Jocaste qui s’avance hors du palais ; avec son aide, il faut mettre fin à ce différend.



JOCASTE.

O malheureux , pourquoi vous livrer à des querelle ? insensées ? Ne rougissez-vous pas de nourrir des haines privées, au milieu des maux qui affligent la pairie entière ? Œdipe, et toi, Créon , rentrez dans le palais, et sur de frivoles prétextes ne suscitez pas des discordes funestes !

CRÉON.

Ma sœur , Œdipe, ton époux, me menace des plus cruels traitements ; il me réserve l’un de ces deux maux, m’exiler de ma patrie ou me donner la mort.

ŒDIPE.

Il est vrai ; mais, ô femme, je l’ai surpris tramant d’odieux complots contre ma personne.

CRÉON.

Que je sois privé de la lumière, chargé d’imprécations, si j’ai rien fait de ce que tu m’imputes !

JOCASTE.

Œdipe, au nom du ciel, crois à sa parole, et surtout au serment par lequel il atteste les dieux, crois-en moi-même, et ces Thébains qui t’entourent.

LE CHŒUR.

(Strophe 1.) Que ta volonté cède à la raison, ô roi, je t’en supplie.

ŒDIPE.

En quoi veux-tu donc que je te cède ?

LE CHŒUR.

Tu dois des égards aux raisons qu’il a fait valoir, et au serment qu’il y joint à présent.