C’est à regret que je l’entends, et pourtant je le répète.
Non, que les dieux n’éteignent jamais leurs fatales discordes ! que de moi seul dépende la fin du combat qu’ils se préparent à engager, et qui les arme l’un contre l’autre ! que celui qui possède aujourd’hui le sceptre en soit privé lui-même, et que l’exilé ne rentre plus dans les murs dont il est banni ! eux qui ont vu leur père indignement chassé de sa patrie, sans le retenir et sans le défendre ; mais ils m’ont laissé bannir et condamner à l’exil. Dira-t-on que sur ma demande, cette faveur[1] me fut accordée, comme il était juste, par les Thébains ? Mais, loin de là, le jour même où le cœur bouillonnant de fureur, je souhaitais de mourir et d’être écrasé sous les pierres, aucun ne s’est offert pour exaucer mes vœux ; et c’est lorsque le temps avait calmé mes douleurs[2], et que déjà je sentais que ma colère m’avait emporté à me punir trop cruellement, c’est alors enfin que Thèbes, après tant d’années, me bannit malgré moi ; et des fils qui auraient pu secourir un père, refusèrent de lui prêter assistance, et, faute d’une parole de leur part, j’ai été abandonné à l’exil et à l’indigence ! Mais deux jeunes vierges, autant que la faiblesse de leur sexe le leur permet, me donnent des aliments, un asile, et tous les soins de la piété filiale ; eux, au contraire, au salut d’un père ils ont préféré le trône et le souverain pouvoir. Aussi n’obtiendront-ils jamais mon assistance, jamais ils ne posséderont la paisible jouissance du royaume de Cadmus. Je le sais, j’en ai pour garants et les oracles que celle-ci vient de me rapporter, et le souvenir des anciennes prédictions que Phébus m’a faites et n’a que trop bien accomplies. Qu’ils envoient donc auprès de