Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/366

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par une double ouverture, invite au sommeil. À gauche, un peu au-dessous, tu pourras voir une source limpide, si elle existe encore. Approche-toi en silence, et indique-moi si les choses[1] sont encore en ce lieu, ou ailleurs, afin que je t’explique le reste de mes desseins, et que nous réunissions nos efforts pour les exécuter.

NÉOPTOLÈME.

Roi Ulysse, l’œuvre que tu me dis de faire n’exige pas une longue peine ; je crois apercevoir la grotte telle que tu l’as décrite.

ULYSSE.

En bas, ou sur la hauteur ? car je ne distingue pas.

NÉOPTOLÈME.

Ici, sur la hauteur, et l’on n’y entend aucun bruit de pas.

ULYSSE.

Vois s’il n’y est pas étendu pour dormir.

NÉOPTOLÈME.

Je vois une demeure vide et sans habitant.

ULYSSE.

N’y a-t-il pas au dedans quelques ustensiles, indices d’une habitation humaine ?

NÉOPTOLÈME.

Non, mais seulement un lit de feuilles foulées, sur lequel on parait s’être couché.

ULYSSE.

Le reste est-il vide, et n’y a-t-il rien de plus dans la grotte ?

NÉOPTOLÈME.

Oui, une coupe de simple bois, œuvre de quelque artisan grossier, et de quoi faire du feu[2].

  1. La grotte et la source.
  2. Πυρεῖα, tout ce qui sert à produire et à entretenir le feu, silex, charbons, cendres, feuilles sèches, etc. Voir plus bas, v. 298, les paroles de Philoctète. Homère, dans l’Hymne à Mercure, v. 111, dit que ce dieu donna aux hommes le feu, et de quoi le faire,τὰ πυρήια.