Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/38

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MINERVE.

Bien. Et le fils de Laërte, quel a été son sort ? t’aurait-il échappé ?

AJAX.

Ce renard, ce vil roué, tu me demandes où il est ?

MINERVE.

Oui, je parle d’Ulysse, ton adversaire.

AJAX.

Spectacle charmant, ô ma maîtresse ! Il est là dedans enchaîné ; car je ne veux pas encore qu’il meure.

MINERVE.

Que veux-tu donc faire ? ou que prétends-tu y gagner ?

AJAX.

Je veux qu’attaché à cette colonne de mon foyer domestique…

MINERVE.

Quel mal feras-tu donc à ce malheureux ?

AJAX.

Le dos ensanglanté de coups de fouet, il périsse.

MINERVE.

De grâce, ne meurtris pas ainsi le malheureux à coups de fouet.

AJAX.

Minerve, je désire te complaire en tout le reste ; mais ce châtiment[1] sera le sien.

MINERVE.

Eh bien, puisque c’est ton plaisir d’agir ainsi, exerce ta vengeance, et accomplis tes projets tout entiers.

AJAX.

Je cours à l’œuvre ; je te le demande seulement, sois toujours ainsi ma protectrice.

(Il rentre dans sa tente.)



MINERVE.

Tu vois, Ulysse, quelle est la puissance des dieux. Quel

  1. Dans le texte : « Ce châtiment, et non un autre… »