Mais mon triste cœur éclate, sous le poids intolérable de sa douleur.
O Jupiter ! en quel lieu de la terre suis-je arrivé ? Chez quels mortels me vois-je étendu, en proie à d’incurables souffrances ? Hélas ! malheureux que je suis ! voici de nouveau le mal cruel qui me dévore. Hélas !
Ne savais-tu donc pas qu’il valait mieux cacher ta douleur en silence, et ne pas écarter le sommeil de ses yeux ?
Ah ! c’est que je ne saurais comment supporter l’aspect de ses souffrances !
Autels que j’élevais sur le promontoire de Cénée ! quel prix me réserviez-vous, à moi malheureux, pour de si riches offrandes ! O Jupiter, à quel affront as-tu livré ton fils ! Plût aux dieux que je n’eusse jamais connu de tels maux, et ressenti ces incurables douleurs, qui causent mon délire ! Quel enchanteur, quelle main expérimentée dans l’art de guérir, si ce n’est celle de Jupiter, aurait la puissance de les calmer ? Ne puis-je voir un tel miracle[1], même de loin ? Ah ! ah ! laissez-moi endormir mes souffrances, laissez-moi dormir pour la dernière fois ! Pourquoi me toucher ? pourquoi m’incliner ? cruel ! tu me fais périr. Tu as réveillé le mal assoupi, tu me blesses !.... il s’attache à moi, ô malheur ! Voici qu’il revient. Où êtes-vous, ô les plus ingrats de tous les Grecs, vous dont j’ai tant de fois purgé les mers et les forêts, au péril de ma vie ? Et maintenant, dans mes souffrances, personne ne m’apportera-t-il le fer ou la flamme qui doit me guérir[2] ?