famille. Voilà ce que j’avais à vous dire ; toi, vieillard, occupe-toi d’aller remplir ta mission ; et nous, retirons-nous ; car voici l’occasion, le plus puissant auxiliaire des entreprises humaines.
Hélas ! malheureuse !
Il m’a semblé, mon fils, entendre dans l’intérieur du palais les gémissements d’une esclave.
Ne serait-ce point la malheureuse Électre ? Veux-tu que nous restions un moment ici, et que nous écoutions ses plaintes ?
Nullement. Avant toutes choses, accomplissons les ordres d’Apollon[1] ; c’est par là qu’il nous faut commencer, en versant des libations sur les cendres de notre père ; l’accomplissement de ce devoir assurera notre victoire et la réussite de nos projets.
O lumière pure, air céleste également étendu sur la surface de la terre[2], combien de fois as-tu entendu mes plaintes lamentables et les coups dont je frappe mon sein ensanglanté, quand les ombres de la nuit sont dissipées ! Mais pendant la longue durée des nuits, ma triste couche, dans cette obscure demeure, sait combien de pleurs je verse sur l’infortune de mon père, déplorable victime,
- ↑ Λόξίον « de Loxias, » nom d’Apollon, lorsqu’il rendait ses oracles. Il revient très-fréquemment dans les tragiques.
- ↑ Phérécrate, poète de la comédie ancienne, avait parodié ce passage. Plaute,
dans le prologue de son Mercator, v. 3-5 :
Non ego idem facio, ut alios in comœdiisVidi facere amatores, qui aut nocti, aut die,Aut soli, aut lunæ : miserias narrant suas.