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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/21

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I

PRÉFACE


JE n’ai point trouvé de remède plus aisé ni plus salutaire à l’ennui qui m’affligeait il y a quelque temps, que de m’amuser à décrire une histoire qui tînt davantage du folâtre que du sérieux, de manière qu’une mélancolique cause a produit un facétieux effet. Jamais je n’eusse fait voir cette pièce, sans le désir que j’ai de montrer aux hommes les vices auxquels ils se laissent insensiblement emporter. Néanmoins, j’ai peur que cela soit inutile ; car ils sont si stupides pour la plupart, qu’ils croiront que tout ceci est plutôt pour leur donner du passe-temps que pour corriger leurs mauvaises humeurs. Leur ânerie est si excessive que lorsqu’ils oient le conte de quelqu’un qui a été trompé, ou qui a fait quelque sotte action, ils s’en prennent à rire au lieu qu’ils en devraient pleurer, en considération de