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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/262

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— Je vous en réponds, dit Francion et, maintenant encore que je me ressouviens de l’ennui qu’il me fit souffrir, ma haine se rallume aussi ardemment que jamais, car son action m’est extrêmement odieuse, d’autant que je sais assurément qu’il était des meilleures maisons et des plus riches de la France.

Le seigneur du château, ayant alors une certaine façon non accoutumée dont à peine eût-on pu trouver la cause, dit que possible ce Raymond avait-il dérobé l’argent par galantise ou par nécessité, se voulant débaucher pour aller en Flandres au déçu de ses parents, et, que pourtant, si Francion ne lui pardonnait point, il pouvait s’informer s’il était en Bourgogne, et le faire appeler en duel ; mais Francion répondit qu’il se ferait la risée de tout le monde, s’il témoignait d’avoir du ressentiment pour des offenses si anciennes. Néanmoins son hôte lui promit qu’il s’enquêterait s’il y avait en la Bourgogne, ou aux environs, un seigneur qui portât ou qui eût porté autrefois le nom de Raymond, seulement pour lui contenter l’esprit, en lui apprenant qu’était devenu son voleur. Là-dessus, il lui donna le bon soir, et le pria de se disposer à lui conter le lendemain matin le reste de sa vie ; puis il s’en alla coucher.

FIN DU QUATRIÈME LIVRE