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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/42

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quer sur son mal, et celui qui eut de plus remarquables effets, fut que celui qu’elle avait pris pour Francion lui avait fait goûter des délices qu’elle n’eût pas, possible, goûtées plus savoureusement avec Francion même, et dont elle ne se pouvait repentir d’avoir joui.

Toutefois elle feignit qu’elle n’était guère contente et demanda à Olivier avec une parole rude qui il était. Voyant qu’il ne lui répondait point à ce premier coup, elle lui dit :

— N’es-tu point, méchant, un des valets de Francion ? N’as-tu point tué ton maître pour venir ici au lieu de lui ?

— Madame, dit Olivier, se tenant toujours à terre, je vous assure que je ne connais pas seulement le Francion dont vous me parlez. De vous dire qui je suis, je le ferai librement, moyennant que vous me promettiez que vous ajouterez foi à tout ce que je vous dirai, de même que je vous promets de ne vous conter rien que de véritable.

— Va, je te le promets sur ma foi, dit Laurette.

— Vous avez une servante qui s’appelle Catherine, poursuivit Olivier.

— Oui, répondit Laurette.

— Sachez donc, Madame, reprit-il, qu’elle est en partie cause de l’aventure qui est arrivée. Je m’en vais vous apprendre comment. Vous croyez que ce soit une fille ; véritablement vous êtes bien déçue, car c’est un garçon que l’on a fait ainsi déguiser afin de donner entrée céans à des voleurs. Il avait promis de jeter cette nuit une échelle de corde par une fenêtre pour les faire mon-