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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/53

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qu’elles n’étaient venues. Celles qui étaient de belle humeur riaient comme des folles, et les autres, qui étaient chagrines, ne faisaient que grommeler, s’imaginant que tout avait été préparé à leur sujet et pour se moquer d’elles.

— Oui, c’est mon[1], disait l’une, c’est bien en un bon jour de dimanche qu’il faut faire de telles badineries que cela ; encore si l’on attendait après le service. Cela serait plus à propos à carême-prenant. Ho, le monde s’en va périr sans doute : tous les hommes sont autant d’Antéchrists.

— Ne vous enfuyez pas, ma commère, dit un bon compagnon à cette bigote ; venez voir le gentil instrument que porte la servante de Valentin.

— Le diable y ait part, lui répondit-elle.

— Sur mon Dieu, lui répliqua-t-il, vous avez beau faire la dédaigneuse, vous aimeriez mieux y avoir part que le diable.

— Va, va, lui dit une autre plus résolue, nous ne voulons pas avoir seulement part à un morceau, mais le voulons avoir tout entier.

— Il est vrai que vous êtes la plus goulue de toutes, reprit le rustre. Vous ne seriez pas assouvie quand vous auriez le morceau gros et long de Catherine avec celui de votre mari. Et toutefois je sais bien que vous n’avez que la moitié de celui qui vous a été vendu par contrat : votre mari en fait part à une commère. C’est assez. Vous les aimez, la belle friande, ces deux membres que je ne veux pas nommer. Vous ne vous enfuyez de celui que l’on vous a fait voir que parce que, aussi bien, est-il trop loin de vous : il y a un fossé et

  1. ndws : mon : ça mon, c’est mon (certes) cf. Huguet, Glossaire, p. 248. Mon est aussi une particule qu’on ajoute en ces mots : c’est mon, vraiment c’est mon. Cela est bas et populaire. Dans ce mot de c’est mon il faut sous-entendre avis qu’on a retranché pour abréger. Cf. Furetière.