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Page:Sorel - La Vraie histoire comique de Francion.djvu/10

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AVANT-PROPOS

grotesque est la charge, non de Balzac, mais d’un méchant imitateur de ce dernier. Tallemant nous édifie à ce sujet ; le passage que nous venons de rapporter n’a de prix que parce qu’il nous renseigne sur un point qu’il ne nous eût pas été permis d’élucider ailleurs[1] : à savoir que le personnage d’Hortensius n’a été « introduit » que dans la seconde édition.

Avant de finir, disons le peu que l’on connaît de la vie de Sorel. Il était le neveu de Charles Bernard[2], historiographe de France, lequel atteint, en 1655, d’une paralysie générale, donna, en sa faveur, la démission de cette charge. Sorel la remplit jusqu’au jour où on la lui enleva. Il n’avait d’autre passion que celle des lettres ; il supporta la perte de sa place comme il avait subi le retranchement des rentes, sans se plaindre. Léger d’argent et affamé d’indépendance, il avait accepté chez son beau-frère, substitut du procureur général, un modeste logement, où il vivait libre de tous liens. Il mourut garçon (vers 1674), et sans pouvoir être taxé d’ingratitude, car il resta pur de toute protection. Ses livres sont nombreux[3], mais aucun d’eux n’est précédé d’un hommage : c’est là une vertu de quelque poids, dans le siècle des dédicaces. Elle rachète amplement la prétention puérile qu’avait l’auteur de Francion d’être de la même famille qu’Agnès Sorel.

  1. Nous avons vainement cherché la première édition de Francion, qui ne contient que sept livres. Nous n’avons trouvé que l’édition de 1632 (dans laquelle manque le XIIe livre) et celles de 1641 et de 1721 : c’est cette dernière que nous reproduisons ; elle renferme le texte courant, comme nous avons pu le constater en la conférant avec la précédente.
  2. Il termina deux ouvrages, que cet oncle avait laissés inachevés et qui sont intitulés : 1o Généalogie de la Maison royale de Bourbon, avec les portraits et éloges des Princes qui en sont sortis et les Remarques historiques de leurs illustres actions depuis Saint Louis jusqu’à Louis XIII. Paris, 1634 et 1635, in-fol., 2 vol. ; 2o Histoire de Louis XIII jusqu’à la guerre déclarée contre les Espagnols en 1635, par Charles Bernard, avec un Discours sur la vie de cet historien. Paris, 1646, in-fol.
  3. Les principaux ouvrages de Charles Sorel sont, après Francion :
    Les Nouvelles françoises ; l’Orphize de Chrysante ; le Berger extravagant ; Histoire de la monarchie françoise ; la Science universelle ; la Maison des jeux ; Rôle des présentations faites aux grands jours de l’éloquence françoise ; Discours sur l’Académie françoise établie pour la correction et l’embellissement du langage ; Polyandre ; Relation de ce qui s’est passé au royaume de Sophie, depuis les troubles excités par la rhétorique et l’éloquence  ; la Bibliothèque françoise ; Description de l’île de la Portraiture.