À FRANCION
her Francion, à qui pourrois-je dédier votre Histoire
qu’à vous-même ? Ce seroit vous faire tort que de
l’aller présenter à un autre ; car, s’il est besoin d’en donner le jugement, qui est-ce qui se trouve plus capable
de le faire que vous, qui sçavez toutes les règles qu’il faut
observer pour bien écrire ? Je me sentirai plus glorieux,
si je reçois votre approbation, que si j’avois la faveur de
tout un peuple ; mais je crains bien pourtant que, si
vous me voulez juger à la rigueur, je ne sois pas tout à
fait exempt de faute. Je ne doute point que, si vous eussiez voulu prendre la peine de mettre par écrit vos aventures, au lieu que vous vous êtes contenté de me les raconter un jour de vive voix, vous eussiez fait tout autre
chose que ce que j’ai fait ; mais je ne veux point entrer
aussi en comparaison avec vous. Il suffit que l’on connoisse
que j’ai travaillé avec tout le zèle et le soin qu’il m’étoit
possible ; que, si j’ai pris la hardiesse de toucher à des
choses qui sembloient n’appartenir qu’à vous, ç’a été
parce que vous m’en avez donné la licence, et que je n’ai
pas voulu laisser écouler cette occasion de vous témoigner
mon amitié, craignant qu’elle ne fût prise par un autre,
il est vrai que vous avez longtemps résisté à mon dessein,