Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mon ame comme un voleur entre dans une maison par les fenestres. Les maux qu’il m’a fait souffrir sont fort violens, mais enfin estant adoucy, il m’a juré que vous y pourriez donner du remede, et qu’il ne tenoit à autre chose qu’à vous en escrire. Voyant alors que j’estois un escrivain fort mal fourny des outils de mon mestier, il a tiré une plume de son aisle, et me la taillee avec la pointe de son dard ; il m’a donné du papier qui a esté fait avec ses vieux bandeaux, par un papetier celeste. Il a pris des charbons de mon cœur qui est à moictié bruslé, et les ayant escachez il les a destrempez avec mes larmes, et m’en a fait de l’ancre. C’est avec cecy que j’ay escrit, et pour seicher les lettres il a jetté dessus des cendres qu’il a prises au mesme lieu que les charbons qui sont desja à