Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

meilleur qu’il n’estoit, tellement qu’il ne sçavoit s’il le devoit renvoyer à son cousin. En se pourmenant il voulut espreuver s’il n’y avoit pas moyen de mettre son esprit en repos. Aprenez moy une chose, luy dit-il, pourquoy craignez vous tant le feu de l’amour ? Que ne faites vous mettre un bon seau d’eau pres de vostre lict, quand vous vous couchez, afin de l’esteindre s’il s’allume vivement ? Ha ! Mon amy, reprit Lysis, mon feu est un feu gregeois ; il est composé de soulphre vif, de chaux vive, de naphte et de camphre ; il brusle dans les eaux : que s’il vient de s’esteindre dans ta fontaine, ce n’a esté que par bon-heur. Mais pensez que les froidures de l’esprit y pourroient quelque chose, dit Anselme, que ne vous en munissez vous ? Helas ! Respondit Lysis avec un soupir, il y a long-temps