Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/310

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Voyla qui va bien, dit Anselme, jettez donc force larmes quand vous serez devant Charite, dont les regards sont si dommageables, qu’hier elle vous pensa tout brusler, et qu’aujourd’huy vous vous en sentez encore. Mais quand j’y songe d’où vient qu’elle a tant de flammes, veu qu’elle a aussi tant de froideurs, au moins pour tous les autres amans, si ce n’est pour vous ? Le feu est dans ses yeux, et la glace dans son cœur, respondit Lysis, il y a bien loin de l’un à l’autre, tellement qu’ils conservent chacun leur puissance. Vous avez raison, reprit Anselme, mais n’a-t’elle pas de la neige sur son col, et sur son sein, et sur son visage mesme ? Cecy ne doit-il pas moderer l’ardeur