Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/539

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vostre rebec ? Treuvons un lieu pour nous assoir, dit Lysis, et puis je vous conteray mon histoire. Mon pere, l’Isle de France est ma patrie (poursuivit-il estant assis sur une motte de terre avec l’hermite) Montenor est en ce païs-cy mon hoste, Anselme mon amy, Charite mon ennemie. Il est bien vray qu’il y a quelque douceur en son inimitie, et j’esperois hier au soir la charmer par les accords de ma guytarre. Vous sçavez que les nuicts sont si paisibles que l’on n’entend plus que les vents et le bruit des fontaines ; aussi n’ay-je pas creu violer leur silence ordinaire, car je n’ay rien fait ouyr que le vent de mes souspirs, et la fontaine de mes larmes. Je n’ay point couché sur d’autre lict que celuy que la nature m’avoit apresté, et l’aurore