Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/540

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui est une dame fort charitable, me voyant ce matin a eu compassion de moi. Elle en a trebien pleuré, et il ne faut pas croire que ce fust pour la mort de son fils. L’hermite qui n’avoit guere estudié, ne comprenoit rien à ce discours, sinon qu’il trouvoit que c’estoit bien fait d’avoir couché sur la dure pour macerer sa chair. Il fut contraint de dire à Lysis qu’il desiroit sur tout de sçavoir quelle profession il faisoit. Tout mon exercice est de faire l’amour, reprit Lysis ; si j’escry, si je compose des vers, si je me promeine, si je resve, tout cela n’est que pour aprendre à bien aymer. Que vous estes heureux, dit l’hermite, pourveu que vous n’aymiez que la divinité. Si vous la voulez servir, demeurez avec moy, et prenez l’habit de moyne : nous passerons doucement ensemble le reste