Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ils le prenoient tous pour un fantosme. Il s’ennuya enfin de ne parler à personne, et voyant un troupeau de moutons assez loin de luy, il chassa le sien vers ce costé là, pour s’entretenir avec celuy qui le gardoit. Bien que ce fust un gros rustique, et qu’il luy vist des habits qui estoient fort differens des siens, il ne laissa pas de l’acoster avec un geste aussi courtois, que si c’eust esté Celadon ou Siluandre. Gentil berger, luy dit-il, apren moy quelles sont icy tes occupations. Songes-tu aux rigueurs de Clorinde ? Combien y a t’il que tu n’as fait de chanson pour elle ? Monstre moy de tes vers je te prie. Ce berger qui n’entendoit non plus ces mignardises que s’il

p29

luy eust parlé en langage barb