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Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/66

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Le berger qui voyoit que Lysis animoit son discours avec une façon sérieuse, adjoustoit foy à toutes ces merveilles, et bien qu’il fust aussi confus que s’il eust desja veu la fin du monde, il prit la hardiesse de luy demander qui il estoit. Je suis un corps sans ame, respondit Lysis, je ne vy plus depuis que j’ay veu Charité, et ne ressusciteray point, que quand ses faveurs m’y obligeront. Toy à qui le premier j’ay dit mes secrets, averty les bergers de ton bourg d’adresser des vœux et des offrandes à mon enchanteresse, afin que si elle ne leur fait point de bien, au moins ne leur face-t-elle point de mal. Adieu, cher amy, fay ton profit de mon enseignement. En disant cecy, il quitta le berger qui demeura si estonné d’avoir veu un homme