Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/751

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je ne sçay quoy qui faisoit qu’il n’affectionnoit pas tant Synope que cette Lucide, vers laquelle il tournoit tousjours les yeux. Aussi parla-t’il bien tost à elle laissant l’autre, et il la pria instamment de luy conter son histoire. Puis que vous desirez sçavoir ma fortune, dit Lucide, aprenez que je suis fille d’un seigneur de ce païs-cy, et que dés l’âge de quinze ans je devins amoureuse d’un gentil homme suivant, qu’il avoit. Il estoit si beau que jamais il n’avoit veu son pareil que dans un miroir. Il estoit aussi bien frisé qu’un barbet de Holande, et son visage estoit aussi vermeil qu’une rose de Provins. Il avoit si bonne grace à tout ce qu’il faisoit, que s’il joüoit du luth, je le prenois pour un Apollon le jeune, et s’il tiroit de l’