Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/752

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arc, je le prenois pour un Cupidon l’aisné, parce que desja la barbe luy estoit venuë. Ses divers attraits me charmerent tellement qu’un jour estans tous deux proche d’une table fort chargee de poussiere, j’escrivis dessus avec le doigt, que Lucide alloit mourir pour luy. Mais le galand n’en tint conte, et m’ayant juré qu’il ne me pouvoit aimer, il me donna tant d’ennuy que j’en devins malade au lict. La fiévre d’amour me prit avec une telle violence, que je ne faisois autre chose que boire nuict et jour ; si bien que mon mal se tourna en hydropisie, et je devins grosse comme un muy. Tous les medecins du païs qui me visiterent y perdirent leur latin : mais comme ils m’avoient abandonnee, il y eut un sçavant operateur