Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/107

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me dit qu’elle ne vouloit pas violer son serment. Ainsi je fus bien tost privé de son aymable veuë par ma propre faute, mais son image me demeura si avant dans l’esprit, que je ne voulus plus regarder la mienne dans le miroir. Je m’oubliay moy-mesme pour elle, et estant las d’estre amant et aymé tout ensemble, je me resolus d’avoir de la passion pour quelque chose qui se pust mieux toucher qu’une ombre. Maudissant alors ce miroir qui m’avoit si long-temps enchanté, je pris un baston et le cassay en plus de pieces que je ne m’y estois regardé de fois ; je bruslay aussi tous mes habits de fille, me representant que pour estre aymé de Theodore il faloit paroistre homme, et veritablement ce changement d’humeur me venoit