Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/123

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d’avantage à faire ma fortune : car l’innocence des bergers me plaisoit plus que l’ambition de la cour, et je me sentois tres heureux de vivre en un païs comme le nostre où la justice à imprimé ses derniers pas en quittant la terre, de sorte que les plus vertueux y en viennent tous les jours chercher la trace pour la suivre. C’estoit en me pourmenant dans un bourg qui estoit proche de nostre village que j’avois veu à une porte une jeune bergere dont les attraicts m’avoient ravy le cœur et la liberté. Mon plus grand mal estoit que je ne connoissois point une chose qui m’estoit tant connuë, je veux dire que je ne sçavois qui estoit cette belle, encore que je la visse tousjours presente et absente : mais enfin apres plusieurs enquestes un berger de mes amys appellé Valere m’aprit qui estoient ses parens et