Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/191

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dont j’allumeray un chaque nuict, et si vous n’estes point revenu lors qu’ils seront tous bruslez, je ne songeray plus à vous, et vous tiendray pour perdu. Rhodogine m’ayant dit cela, je pris congé d’elle, et apres avoir souffert beaucoup d’incommoditez j’arrivay dans quatre jours à une riviere que j’avois tousjours ouy dire qu’il faloit traverser pour aller à la fontaine de memoire ; je trouvay sur le bord tout a propos un arbre desraciné sur lequel je me mis, et remuant les pieds et les mains je passay à l’autre rivage. Je n’y fus pas si tost que j’aperceus la fontaine qui tomboit dans un bassin de marbre blanc, mais voila un furieux dragon qui paroist en mesme temps, et ouvrant une gueulle si grande qu’elle sembloit estre un abysme, s’avance