Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/214

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vy de gros poissons qui poussoient nostre miserable vaisseau, et le soustenoient comme si quelque dieu les y eust contraints. Nous arrivasmes en fin à une isle qui sembloit estre toute deserte, mais y estans descendus nous n’eusmes pas faict une lieuë que nous aperçeusmes une forteresse qui avoit fort belle apparence. Nous y allions chercher du secours en nostre affliction, lors que deux geans en sortirent, et venans prendre Panphilie, l’y menerent plus rudement qu’elle ne desiroit. Je pensay entrer avec elle, mais l’on me ferma la porte au nez, et je m’eloignay de là pour pleurer à mon ayse, ne me pouvant consoler apres avoir eu si peu de cœur que de laisser ravir ma maistresse. Dés que je me fus retiré la porte