Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/261

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ce qui estoit dans sa chaire percee, s’esmerveilloit d’y voir tantost de la matiere jaune, et tantost de la verte, tantost de la dure et tantost de la liquide. Il voulut sçavoir si cela venoit de son indisposition, et me trouvant fort sain à son avis, il se delibera de me faire manger des mesmes viandes que luy pour voir si je ferois une mesme matiere. Afin de le contenter l’on m’aporta le matin un boüillon que je prenois au mesme instant qu’il prenoit le sien. Nous prenions apres ensemble un consommé, et puis nous mangions d’un chapon boüilly, et au soir nous avions quelque piece de gibier rostie à la broche. Je n’avois jamais fait si bonne chere ; le changement de viande me donna un tel flux de ventre pour le premier jour que Lancelot croyoit presque que la nourriture qu’il prenoit n’estoit pas saine, mais au second jour m’estant remis en mon premier naturel, et luy au contraire n’ayant fait que de l’eau