Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/479

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repaistre, sans nous desarmer, nous mena dans un jardin, où il sembloit que les dieux eussent fait le mariage du printemps et de l’automne, car l’on y voyoit luire un soleil clair et sans ardeur, et neantmoins l’on y trouvoit des fruicts meurs dessus tous les arbres, aupres d’un parterre qui estoit plein de toutes sortes de fleurs. Pour l’hiver et l’esté je pense qu’ils en estoient eternellement bânis, et que l’un estoit allé brusler la Mauritanie, et l’autre estoit allé geler la Scithie. Ce lieu estoit habité par de gros oyseaux jaunes, et verds, qui avoient le soin de le cultiver. Les uns coupoient avec leur bec les branches inutiles, et les autres tondoient les bordures des pallissades. Il y en avoit qui apportoient de l’eau dans de petites coquilles pour