Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/486

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

air. Mes yeux estant devenus plus subtils alors, je connus que nous estions sur un pont de cristal qui estoit si clair que l’on croyoit que ce ne fust autre chose que l’eau. Carmelin y estant tousjours trompé ne marcha dessus qu’avec une extreme crainte. Au bout de ce pont il y avoit une tour dont les murailles estoient d’un verre assez solide et assez visible, mais pour les planchers, ils estoient aussi bien que le pont d’un cristal si transparent, qu’y ayant monté par curiosité, je n’osois marcher dessus, m’imaginant qu’il n’y en avoit point du tout, à cause que du haut je voyois la terre qui estoit au bas vers les fondements. J’apris que c’estoit là une borne du pays des hommes diaphanes, et m’estant promené encore une demye heure avec le vieillard, je me trouvay dans une campagne fort sterile. Il y a assez longtemps que nous nous promenons, me dit-il, il faut que je vous face