Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/766

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par la voye qu’il nous fait tenir ; nous n’en revenons jamais. C’est ce qui me faict resoudre à ne mourir que par feinte, car si je me tuois tout à faict comme plusieurs que je nommerois bien, ne seroit-ce pas une folie estrange, veu qu’il n’est pas hors d’esperance que quelque jour je ne devienne heureux ? Il y en a une infinité dans les romans qui se sont tuez par la rigueur de leurs maistresses, et lors qu’elles sçeurent leur mort, elles se tuerent aussi quelques unes, ou bien les autres eurent un extreme regret toute leur vie d’avoir esté si desdaigneuses. L’on void bien par là que si ces desesperez eussent eu l’esprit de contrefaire seulement les morts, ils eussent acquis une extreme felicité.