Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/767

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Mon invention est donc excellente, et il n’est plus besoin de songer à autre chose qu’aux moyens de la faire reussir. Il y en a qui cachent une vesçie de pourceau pleine de sang entre leur chair et leur chemise, et qui donnent apres un coup de cousteau dedans. Ils se laissent tomber, ils feignent de languir, et chacun court pour les secourir : mais je ne trouve pas ce dessein là bon : l’on se pourroit blesser en poussant trop avant le poignard ; il arrive bien d’autres accidens plus estranges ; et puis si l’on vous visitoit par tout pour penser vostre playe, l’on descouvriroit la fourbe, ce qui seroit scandaleux et digne de mocquerie. Je veux donc mieux faire s’il m’est possible. J’auray un verre de vin fort chargé que chacun prendra pour du poison, et l’ayant beu je me tiendray roide comme une barre de fer, et retiendray mon haleine comme si j’estois trespassé,