Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/81

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de tous les hommes. Cà la main que je vous ayde à vous eslever en haut. En disant cela je baisay ma main droicte et la luy presentay. En mesme temps elle baisa sa main gauche et me la presenta aussi, comme si elle eust voulu venir à moy ; mais bien que mes doigts semblassent estre fort prés des siens je ne les pûs toucher, ce qui fit qu’estant à moitié desespere, je me frapay du poin en l’estomac. La nymphe fit la mesme action pour participer à ma douleur, dequoy j’eus tant de ressentiment que je me mis à pleurer, et il me sembla qu’elle pleuroit aussi. Cest trop languir, ce dis-je alors, il faut que j’aille à vous ma belle, puisque vous ne pouvez venir à moy, et en achevant ce discours je me jettay à moitié dans l’eau qui n’estoit