Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

p283

ne fust qu’en la superficie d’un verre, et j’eusse bien voulu avoir les yeux attachez autrepart qu’en mon visage afin de le pouvoir regarder en son naturel. Toutefois ma fidelle glace me le representant au naïf, je faisois passer l’image de ses beautez jusques dans mon cœur où elle estoit conservee. Voyla comme j’estois espris d’une amour extraordinaire, et si vous avez pris garde à l’avanture qui luy donna commencement, vous vous imaginerez que celuy qui osa le premier dire qu’il y avoit des nayades en avoit veu de semblables à la mienne. Cela peut bien estre, dit alors Philiris, quelque poëte avoit entreveu une fille dedans une riviere, ou bien quelque idiote se mirant en l’eau, avoit crû que son image estoi