Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ma maistresse. Je ne pensois pas qu’il y eust du mal à cela, comme si j’eusse receu les mesmes caresses de son frere, pource que je me croyois fille aussi bien qu’elle, et neantmoins je luy monstray bien tost que j’estois homme où tout au moins hermaphrodité. Je ne vous diray pas si elle en eust de la honte, car l’obscurité m’empeschoit de voir si elle rougissoit, mais je vous diray bien qu’elle fit paroistre quelque estonnement par une douce plainte : toutefois elle convertit toutes ses passions en joye, et eut bien l’asseurance de me dire qu’en verité à un tel garçon qu’elle estoit, il falloit une telle fille que j’estois. Elle me confessa aussi qu’encore que son frere fust fort puissant, il ne l’estoit pas tant qu’un certain prince qui avoit fait dessein d’user envers