entrer beaucoup d’argent dans le pays et contribuèrent ainsi à développer la production[1].
Le triomphe de la Révolution étonna presque tous les contemporains et il semble que les plus intelligents, les plus réfléchis et les plus instruits des choses politiques aient été les plus surpris ; c’est que des raisons tirées de l’idéologie ne pouvaient expliquer ce succès paradoxal. Il me semble qu’aujourd’hui encore la question n’est guère moins obscure pour les historiens qu’elle ne l’était pour nos pères. Il faut chercher la cause première de ce triomphe dans l’économie : c’est parce que l’Ancien Régime a été atteint par des coups rapides, alors que la production était en voie de grands progrès, que le monde contemporain a eu une naissance relativement peu laborieuse et a pu être si rapidement assuré d’une vie puissante.
Nous possédons, par contre, une expérience historique effrayante, relative à une grande transformation survenue en temps de décadence économique ; je veux parler de la conquête chrétienne et de la chute de l’empire romain qui la suivit de près.
Tous les vieux auteurs chrétiens sont d’accord pour nous apprendre que la nouvelle religion n’apporta aucune amélioration sérieuse dans la situation du monde : la corruption du pouvoir, l’oppression, les désastres continuèrent à accabler le peuple comme par le passé. Ce fut une grande désillusion pour les Pères de l’Église ; à l’épo-
- ↑ Kautsky a beaucoup insisté sur le rôle que jouèrent les trésors dont s'emparèrent les armées françaises. (La lutte des classes en France en 1789, trad. franç., pp. 104-106.)