n’empêchent pas le fonctionnement des organismes détestés et que ceux-ci sont devenus forts, alors ils cherchent à faire tourner à leur profit les puissances qui se sont manifestées dans le prolétariat.
Les coopératives ont été longtemps dénoncées comme n’ayant aucune utilité pour les ouvriers ; depuis qu’elles prospèrent, plus d’un politicien fait les yeux doux à leur caisse et voudrait obtenir que le parti vécût sur les revenus de la boulangerie et de l’épicerie, comme les consistoires israélites, dans beaucoup de pays, vivent sur les redevances de la boucherie juive[1].
Les syndicats peuvent être fort utilement employés à faire de la propagande électorale ; il faut, pour les utiliser avec fruit, une certaine adresse, mais les politiciens ne manquent pas de légèreté de main. Guérard, le secrétaire du syndicat des chemins de fer, fut autrefois un des révolutionnaires les plus fougueux de France ; il a compris, à la longue, qu’il était plus facile de faire de la politique que de préparer la grève générale[2] ;
- ↑ En Algérie, les scandales de l’administration des consistoires, qui étaient devenus des officines de corruption électorale, ont obligé le gouvernement à les réformer ; mais la loi récente sur la séparation des Églises et de l’État va probablement permettre le retour des anciens usages.
- ↑ Une tentative de grève des chemins de fer fut faite en 1898 ; Joseph Reinach en parle ainsi : « Un individu très louche, Guérard, qui avait fondé une association des ouvriers et employés des chemins de fer, et recueilli plus de 20.000 adhésions, intervint [dans le conflit des terrassiers de Paris] avec l’annonce d’une grève générale de son syndicat… Brisson ordonna des perquisitions, fit occuper militairement les