Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE VI


La moralité de la violence


I. — Observations de P. Bureau et de P. de Rousiers. — L’ère des martyrs. — Possibilité de maintenir la scission avec peu de violences grâce à un mythe catastrophique.

II. — Anciennes habitudes de brutalité dans les écoles et les ateliers. — Les classes dangereuses. — Indulgence pour les crimes de ruse. — Les délateurs.

III. — La loi de 1884 faite pour intimider les conservateurs. — Rôle de Millerand dans le ministère Waldeck-Rousseau. — Raison des idées actuelles sur l’arbitrage.

IV. — Recherche du sublime dans la morale. — Proudhon. — Pas de genèse morale dans le trade-unionisme. — Le sublime en Allemagne et la notion catastrophique.


I


Les codes prennent tant de précautions contre la violence et l’éducation est dirigée en vue d’atténuer tellement nos tendances à la violence que nous sommes conduits instinctivement à penser que tout acte de violence est une manifestation d’une régression vers la barbarie. Si l’on a si souvent opposé les sociétés industrielles aux sociétés militaires, c’est que l’on a considéré la paix comme étant le premier des biens et la condition essentielle de tout progrès matériel : ce dernier point de vue nous explique pourquoi, depuis le xviiie siècle et pres-