Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/276

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propagandistes de la grève générale qui, en fait, travaillent à rendre le maintien du socialisme compatible avec le moins de brutalité possible. Mais les braves gens n’ont pas le sens commun ; et il faudra qu’ils subissent encore bien des horions, bien des humiliations et bien des pertes d’argent avant qu’ils se décident à laisser le socialisme suivre sa voie.


II


Nous allons maintenant approfondir davantage nos recherches et nous demander sur quels motifs se fonde la profonde aversion que montrent les moralistes quand ils se trouvent en face des actes de violence ; une énumération très sommaire des quelques changements très curieux, qui sont survenus dans les mœurs des classes ouvrières, est d’abord indispensable.


A. — J’observe, en premier lieu, que rien n’est plus remarquable que le changement qui s’est produit dans la manière d’élever les enfants ; jadis, on croyait que la férule était l’outil le plus nécessaire pour le maître d’école ; aujourd’hui, les peines corporelles ont disparu de notre enseignement public. Je crois que la concurrence que celui-ci avait à soutenir contre l’enseignement congréganiste a eu une très grande part dans ce progrès ; les Frères appliquaient, avec une rigueur extrême, les vieux principes de la pédagogie cléricale ; et on sait que celle-ci a toujours comporté beaucoup de coups et de peines excessives, en vue de dompter le démon qui suggère