peuples ; il respecte les choses spirituelles et veut les dominer sans les toucher, sans s’en mêler ; il veut les faire cadrer à sa politique, mais par l’influence des choses temporelles[1]. » De même, Millerand fut chargé d’assurer aux ouvriers qu’on ne toucherait pas à leurs convictions socialistes ; on se contenterait de dominer les syndicats et de les faire cadrer à la politique du gouvernement.
Napoléon avait dit : « Vous verrez quel parti je saurai tirer des prêtres[2]. » Millerand fut chargé de donner aux chefs des syndicats toutes sortes de satisfactions d’amour-propre[3], tandis que les préfets avaient pour mission d’amener les patrons à accorder des avantages matériels aux travailleurs ; on comptait qu’une politique si napoléonienne devait donner des résultats aussi considérables que celle que l’on suivait avec l’Église. Le directeur des cultes, Dumay, était parvenu à créer un épiscopat docile, formé de gens que les catholiques ardents nommaient, avec mépris, des préfets violets ; en mettant dans les bureaux du ministère un chef de service ayant de l’habileté[4], ne pouvait-on pas espérer former des
- ↑ Taine, Le régime moderne, tome II, p. 10.
- ↑ Taine, loc. cit., p. 11.
- ↑ C’est ce que remarque très judicieusement Mme Georges Renard dans un compte rendu d’une fête ouvrière donnée par Millerand. (L. de Seilhac, Le Monde socialiste, p. 308.)
- ↑ Millerand ne conserva point l’ancien directeur de l’Office du Travail qui n’était sans doute pas assez souple pour la politique nouvelle. Il me semble bien établi qu’on fit alors au ministère un grand travail d’enquête morale sur