Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/325

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maire aurait suffisamment garantis contre les périls et les épreuves de la vie. » Combes n’est pas homme à avoir des idées personnelles ; il reproduisait une opinion qui était courante dans son monde.

Cette déclaration provoqua un fort tapage à la chambre ; tous les députés qui se piquent de philosophie intervinrent dans le débat ; comme Combes avait parlé de l’enseignement superficiel et borné de nos écoles primaires, F. Buisson crut devoir protester, en sa qualité de grand pédagogue de la troisième république : « L’éducation que nous donnons à l’enfant du peuple, dit-il, dans l’école primaire, n’est pas une demi-éducation ; c’est la fleur même et le fruit de la civilisation recueillie à travers les siècles, chez les peuples divers, dans les religions et législations de tous les âges et dans toute l’humanité. » Une telle morale abstraite ne peut être que prodigieusement dépourvue d’efficacité ; je me souviens d’avoir lu autrefois, dans un manuel de Paul Bert, que le principe fondamental de la morale s’appuie sur les enseignements de Zoroastre et sur la constitution de l’an III ; je pense

    juifs qu’un seul reproche, celui d’avoir empoisonné la pensée aryenne, si haute et si large, avec le monothéisme hébreu ». Il demandait l’introduction de l’histoire des religions dans les écoles primaires en vue de ruiner l’autorité de l’Église. D’après lui, le parti socialiste voyait dans « l’affranchissement intellectuel de la masse, la préface nécessaire du progrès et de l’évolution sociale des sociétés ». Ne serait-ce pas plutôt le contraire qu’il aurait fallu dire ? Ce discours ne prouve-t-il pas qu’il y a un antisémitisme de libre-pensée tout aussi étroit et mal informé que celui des cléricaux ?