Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/408

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indiqué plus haut. Le droit d’ouvrir des maisons d’enseignement leur parait surtout important à maintenir ; ils sont persuadés, en effet, qu’écoles primaires et collèges doivent être dirigés de manière à faire pénétrer dans toute l’instruction des fidèles des formules théologiques, qu’ils jugent propres à assurer la direction des âmes au clergé ; de là résulte une ardente compétition entre l’Église et l’État.

Depuis une trentaine d’années, le gouvernement républicain est poussé par une sorte d’Anti-église, qui suit une politique ordinairement sournoise[1], parfois brutale et toujours fanatique en vue de ruiner les croyances chrétiennes en France. Cette Anti-église, aujourd’hui triomphante, veut profiter des succès inespérés qu’elle a obtenus depuis la révolution dreyfusienne ; elle estime que le régime de l’indifférence serait une duperie tant que l’Église a encore une notable influence ; sa grande préoccupation est de supprimer radicalement tout clergé régulier, ses chefs estimant, avec raison, que le clergé séculier ne saurait suffire pour maintenir le catholicisme.

  1. Par exemple la fameuse neutralité scolaire n’a été qu’un stratagème destiné à endormir la vigilance des catholiques ; aujourd’hui les représentants officiels du gouvernement déclarent que le grand but à poursuivre dans l’école primaire est la suppression de la foi religieuse (Cf. le discours prononcé devant la Ligue de l’enseignement en 1906 à Angers par Aristide Briand).