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AVANT-PROPOS

DE LA PREMIÈRE PUBLICATION[1]


Les réflexions que je soumets aux lecteurs du Mouvement socialiste, au sujet de la violence, ont été inspirées par quelques observations très simples, relatives à des faits très évidents, qui jouent un rôle de plus en plus marqué dans l’histoire des classes contemporaines.

Depuis longtemps, j’ai été frappé de voir que le déroulement normal des grèves comporte un important cortège de violences[2] ; quelques savants sociologues cherchent à se dissimuler un phénomène que remarque toute personne qui consent à regarder ce qui se passe autour d’elle. Le syndicalisme révolutionnaire entretient l’esprit gréviste dans les masses et ne prospère que là où se sont produites des grèves notables, menées avec violence. Le socialisme tend à apparaître, de plus

  1. La première publication a eu lieu dans le Mouvement socialiste (premier semestre 1906).
  2. Cf. Les grèves, dans la Science sociale, octobre-novembre 1900.