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le vampire.

Les deux époux se parlaient en riant, ce qui a le droit de nous surprendre, et prenaient le thé ensemble, ce qui n’étonnera personne.

— Eh bien, mylord, cette pauvre comtesse faisait réclamer ce matin son mari dans tous les bureaux de police. Vous connaissez le caractère de lord Landsdale, un peu fou.

— Oui, ce que nous nommons un excentrique et les Français un original. Quelle nouvelle folie lui est donc passée parle cerveau ?

— Hier, en sortant du théâtre de la Reine, il a fait approcher sa voiture sur le trottoir, au pied du perron, et, une fois monté, il a ordonné au cocher de continuer sur le trottoir.

— L’idée est charmante…

— Il était tard, la rue paraissait sale, aussi s’arrangeait-il très bien des dalles unies. Une meute de policemen le poursuivait. On n’a pu l’atteindre que sous les galeries du Quadrant. Il avait parcouru les trottoirs de Pall-Mall et Piccadilly, traversé deux bazars et trois passages. On dit qu’il s’est battu avec un horse-guard.

— Une voiture traversant un passage à toute vitesse doit être d’un effet délicieux. Après tout, cette idée joyeuse ne pouvait germer que dans son cerveau, car ce n’est pas la première. Figurez-vous, mylady, que lord Landsdale fut pris un jour de promenade d’une attaque d’amour pour une jeune fille errant seulette dans l’avenue des Champs-Élysées, à Paris. Il la poursuivit jusqu’à l’arc-de-triomphe. Là, la jeune personne, afin de se soustraire à ses discours hybrides, se plongea dans un omnibus vide. Le comte aussitôt monte après elle, paye toutes