Page:Sorr - Le vampire, 1852.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
le vampire.

— Vous serez notre ami, n’est-ce pas ?…

— L’amitié !… Hélas ! madame, je suis extrême dans mes sentiments, et je vous ai bien aimée !…

— Vous détournez le sens de mes paroles. Je vous demande votre amitié ; me la refuserez-vous ?

— L’amitié ne se promet pas, mais se prouve.

— Vous êtes extrême en tout, dites-vous ?

— C’est vrai, madame.

— Je n’ose donc vous comprendre. J’ai crainte de vous questionner sur le sentiment qui vous anime maintenant pour moi !…

— Je vous le dirai.

— Quand ?…

— Quand ? Ah ! loin d’aujourd’hui !… — ajouta-t-il le sourire aux lèvres et sur le ton de la plus haute déférence.

Deux ans s’écoulèrent. Valérie eut un fils.

Parmi le monde que recevait le jeune avocat Nohé-Nahm se regardait le plus familier et le plus intime. Aucune dissimulation ne recouvrait ses manières, et, seul avec Valérie, rien dans ses paroles n’eût fait soupçonner qu’il eût aimé cette femme. C’était l’ami de la maison. — 1832, fut, tout le monde s’en souvient, une terrible année pour la France. Le fléau qui semble marcher à la suite des révolutions, ravageait Paris et les grands centres des provinces. La mortalité prenait des proportions effrayantes.

Un soir, M. Noirtier éprouvant un malaise, se coucha avant la nuit. Comme c’était plutôt un surcroît de fatigues qu’un prodrôme de maladie, Valérie s’en inquiéta peu. D’ailleurs, son salon la réclamait. Elle pria donc