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le vampire.

cercles. Le hasard veut que je sois aujourd’hui le centre inactif de rayons stériles. Peut-être que demain ma véritable sphère m’enveloppera, et alors j’agirai. — Aussi, d’après ce principe, la vie du jeune homme n’était qu’un déplacement continuel. Les femmes qui, en toutes choses, recherchent le bizarre et l’indécis, le disaient aimable et spirituel. Les hommes qui n’apprécient que les idées contenues et arrêtées, le jugeaient fou. Or, Robert de Rolleboise était simplement un rêveur, partant un homme heureux.

Le jour qui suivit, de Rolleboise et M. de Bassens, dont la société lui avait aussitôt agréé par une loi conséquente de son esprit chercheur, quittèrent ensemble Paris. Après quelques heures de vitesse, ils atteignirent la mer. La mer !… vastitude immense à l’aspect de laquelle on frissonne comme un adolescent à la vue d’une belle femme nue !…

M. de Lormont habitait une propriété dans le pays de Caux, à une ou deux lieues du Hâvre, sur le rivage de l’Océan. La personne dont se recommandait M. de Bassens était bien chère au vieillard, car il reçut le jeune homme plus cordialement qu’un ami, presque aussi affectueusement qu’un fils. La jeune vicomtesse elle-même lui accorda un sourire d’une bienveillance inexprimable. Souvent un simple sourire de femme dit plus que toutes les franches protestations d’un homme.

Dans cette société où le hasard nous jette, il n’y avait de femme que Mme la vicomtesse, aussi réunissait-elle sur elle toutes les attentions de ses commensaux.

Mathilde de Lormont comptait tout au plus vingt ans. Ce n’était pas une femme jolie. Il est même probable