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le vampire.

qu’à l’âge de quinze ans elle avait dû être maigre et trop brune. À vingt ans c’était une personne magnifique. Ses cheveux d’un brun sombre, sans cet affreux luisant qui est à la chevelure ce que le fard est au visage, présentaient dans leur souplesse toutes les moelleuses sinuosités du peigne. Un peintre n’aurait pu trouver l’ombre vaporeuse qui flottait autour de cette chevelure au contact du derme dont le grain pur s’éclairait d’une lumière d’un gustoso tout italien. Ses sourcils bruns et ses longs cils dévoilaient de ses yeux une vie riche de passions splendides. Une faible ombre bleuâtre entourait ses paupières et ajoutait à la beauté du visage. Des yeux fatigués ajoutent à une belle femme comme le goût de venaison au gibier noir. Sa bouche avait conservé toute la fraîcheur du jeune âge. Le cou de cette tête offrait les contours heureux de la Vénus milésienne et les teintes cœrulées d’une chair du Titien.

Cependant Mme de Lormont n’était pas une belle femme seulement par la tête, ce tronçon du corps. Si son visage présentait des lignes d’une morbidesse rêveuse, on devinait encore au-delà du rempart de soie et de satin qui les défendait des formes et des contours à faire frissonner un amant. Or, aux belles femmes, n’importe leur situation sociale, il faut l’amour d’un jeune homme. — Le jour où Robert aperçut pour la première fois Mme de Lormont, il la reconnut. C’était la conception de ses rêves. Depuis long temps il en était amoureux. La présence de cette femme n’apporta donc aucune perturbation dans son esprit.

En effet, à son âge, à vingt-cinq ans, tout autre jeune homme eut déjà épuisé plus de vingt-cinq amours. Mais,