Page:Soubhadra Bhikshou - Catéchisme bouddhique, 1889.djvu/70

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85. Le Nirvâna est-il la même chose que la Délivrance ?

Oui, c’est la délivrance et on peut l’atteindre dès cette vie.

86. Tous les hommes peuvent-ils atteindre le Nirvâna dès la vie actuelle ?

Le plus petit nombre seul le peut. La

    vivre, le désir d’exister et de jouir dans ce monde ou dans un autre, l’illusion que des biens matériels puissent avoir une valeur quelconque ou puissent être durables ; ce qui est éteint, c’est la flamme de la sensualité et du désir, le feu-follet vacillant du moi et de l’individualité (l’âme). À la vérité, le saint accompli, l’Arahat (qui seul peut atteindre en cette vie le Nirvâna) continue à vivre corporellement, car le résultat des erreurs et des fautes de vies antérieures, qui est justement le corps vivant, ne peut être annihilé tout à coup ; mais le corps est périssable ; l’heure, où il disparaîtra, viendra bientôt. Dès maintenant il ne reste plus rien en lui de ce qui pourrait rendre nécessaire une vie postérieure et l’Arahat entre dans la paix éternelle, dans le suprême Nirvâna (Paranirvâna).

    Au sens des autres doctrines religieuses et du matérialisme scientifique, le Paranirvâna est en effet un anéantissement complet, puisque rien ne reste dans le Paranirvâna qui puisse correspondre d’une manière quelconque aux idées humaines sur l’existence. Du point, où est arrivé celui qui est devenu un Arahat, c’est bien plutôt le monde, avec tous ses phénomènes, qui est le néant, une illusion des sens, une erreur et le Paranirvâna lui paraît l’entrée dans l’être véritable, dans l’Éternel, l’Impérissable, où il n’y a plus ni individualité, ni souffrance.